À LA UNE

Société, Québec La Rédaction Société, Québec La Rédaction

Recomposer les mémoires féministes du Québec : quand l’histoire nationale devient plurinationale

Recomposer les mémoires féministes du Québec : quand l’histoire nationale devient plurinationale

Chaque octobre, le Mois de l’histoire des femmes invite le Canada à célébrer celles qui, connues ou restées dans l’ombre, ont contribué à bâtir un pays plus égalitaire. Instituée en 1992 par le gouvernement fédéral, cette commémoration rend hommage aux femmes qui ont marqué la politique, la culture, la science ou la vie communautaire, et culmine le 18 octobre avec la Journée de l’affaire « Personne », symbole de la reconnaissance légale des femmes comme « personnes » au sens de la loi.

Cette année, la galerie virtuelle « Femmes d’influence au Canada », hébergée par le site du gouvernement, rassemble les portraits de ces pionnières.

Le 17 octobre 2025, Enflammé.e.s a rencontré Adeline Vasquez-Parra, docteure en histoire et maîtresse de conférences en civilisation nord-américaine à l’Université Lumière Lyon 2, chercheuse au laboratoire Triangle. Spécialiste de l’Amérique française et des migrations atlantiques, elle explore dans son ouvrage Histoire du Québec. Des origines à nos jours (Éditions Tallandier, 2025) la pluralité du récit québécois.

Adeline Vasquez-Parra interroge ici ce que révèle, ou dissimule, cette mémoire fédérale : comment le Québec féministe se raconte aujourd’hui entre héritages nationaux, luttes locales et voix issues des migrations.

Lire la suite
Société, International, Dossier spécial Clara Paul, rédactrice en chef Société, International, Dossier spécial Clara Paul, rédactrice en chef

“Libres de choisir. Aux premières lignes de l’avortement” de Julie Boisvert et Élise Ekker-Lambert

“Libres de choisir. Aux premières lignes de l’avortement” de Julie Boisvert et Élise Ekker-Lambert

Le Canada est souvent cité comme un modèle en matière de droits reproductifs. Depuis l’arrêt Morgentaler de 1988, aucune loi ne régit l’IVG, ce qui en fait un soin de santé accessible sans restriction légale. Toutefois, cette absence de loi ne garantit pas un accès universel. L’avortement dépend du réseau de soins et de la volonté des provinces de financer les services.

En conséquence, les disparités d’accès sont énormes. À Montréal, une femme peut avorter rapidement, mais dans certaines régions du Québec et du Canada, il faut parcourir des centaines de kilomètres et attendre plusieurs semaines. Jusqu’à récemment, dans des provinces comme le Nouveau-Brunswick, les cliniques privées n’étaient pas financées par le gouvernement, ce qui rendait l’IVG largement inaccessible aux personnes les plus précaires. Depuis un changement de gouvernement en novembre 2024, cette politique a été modifiée, et l’assurance maladie couvre désormais l’IVG en clinique privée — une avancée importante pour le droit à l’avortement dans la province.

L’avortement reste aussi une cible des mouvements conservateurs. Depuis l’annulation de Roe v. Wade aux États-Unis en 2022, les groupes anti-choix québécois et canadiens ont intensifié leurs actions : désinformation, manifestations, pressions politiques.

C’est dans ce contexte que s’inscrit Libres de choisir. Aux premières lignes de l’avortement (2025), un documentaire réalisé par Julie Boisvert et Élise Ekker-Lambert. En s’immergeant dans les cliniques québécoises et canadiennes, elles donnent la parole aux soignantes et aux patientes, exposant les réalités concrètes de l’IVG. Un regard féministe et engagé, qui interroge aussi l’évolution du débat sur l’avortement et la montée des mouvements anti-choix.

Enflammé.e.s a rencontré les réalisatrices le 13 mars 2025 dans les locaux de la nouvelle Maison de Radio-Canada.

Lire la suite