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Ménopause : un tabou politique, culturel et médical
Ménopause : un tabou politique, culturel et médical
Dans son essai Bouffées de chaleur Briser le tabou de la ménopause, initialement publié en 2022 en allemand puis publié en français en 2023 aux Éditions La Découverte, la journaliste et autrice féministe Miriam Stein brise un tabou tenace : celui de la ménopause. À partir de son propre parcours, elle interroge l’aveuglement du système médical, les angles morts du féminisme contemporain, et l’invisibilisation des femmes à mi-parcours de leur vie.
Dans cet entretien accordé à Enflammé.e.s le 1er juillet 2025, elle appelle à une transformation profonde, politique et culturelle, de notre regard sur cette transition universelle.
Penser le féminicide comme un fait politique avec Margot Giacinti
Penser le féminicide comme un fait politique avec Margot Giacinti
Chercheuse en science politique, militante au Planning Familial du Rhône et lauréate du prix de thèse 2024 de l’Institut du Genre, Margot Giacinti est l'une des premières en France à avoir consacré une recherche doctorale à l'histoire des féminicides, soutenue à l'ENS de Lyon en 2023. Aujourd'hui post-doctorante à l’Université de Lille, elle travaille sur les politiques publiques de lutte contre les violences de genre. Son livre Le commun des mortelles. Faire face au féminicide (Éditons Divergences, 2025) s’attache à restituer deux siècles d’une violence structurelle et genrée, trop longtemps dissimulée sous les euphémismes du droit et les silences de l’histoire.
Dans un entretien accordé à Enflammé.e.s, l’autrice revient sur les racines profondes de ce phénomène social : du traitement judiciaire différencié des féminicides conjugaux dès le 19e siècle, à l’effacement des pionnières féministes comme Hubertine Auclert ou Frances Power Cobbe, jusqu’aux impensés contemporains de la notion — notamment la difficulté à inclure les femmes trans, les travailleuses du sexe ou les féminicides non conjugaux dans les comptages militants et institutionnels.
Alors que le documentaire Netflix De rockstar à tueur : Le cas Cantat sorti le 27 mars 2025 a suscité une réflexion collective sur l'impunité des violences masculines médiatiques, et que la plateforme Nous Toutes comptabilise déjà 73 féminicides en France au 15 juin 2025, soit en moyenne un meurtre de femme tous les deux jours, Margot Giacinti alerte sur les limites de la réponse judiciaire, les angles morts des politiques publiques, et l’appropriation inquiétante du terme « féminicide » par des discours réactionnaires. Elle plaide pour une lecture féministe, historique et intersectionnelle de ces meurtres, et rappelle que les victimes ne sont pas toujours passives, mais aussi actrices de résistances, souvent invisibles, qu’il est urgent de documenter et de reconnaître.
Najat Vallaud-Belkacem : penser l’égalité comme une politique à part entière
Najat Vallaud-Belkacem : penser l’égalité comme une politique à part entière
Najat Vallaud-Belkacem a été la première ministre des Droits des femmes à la tête d’un ministère de plein exercice depuis 1981. C’était en 2012, sous la présidence de François Hollande. Elle y a porté une ambition : faire entrer l’égalité femmes-hommes dans tous les pans de l’action publique — du droit à l’IVG à la lutte contre les violences, en passant par l’égalité salariale et la représentation.
Plus de dix ans plus tard, elle revient, dans un entretien accordé à Enflammé.e.s le 23 avril 2025, sur ce moment politique, les avancées réelles, les reculs silencieux, et les résistances acharnées toujours à l’œuvre. Une parole lucide, sans nostalgie, mais habitée par une exigence : que l’égalité cesse d’être un supplément d’âme, et devienne enfin une ligne de force politique.
Le féminisme d’État en France et au Québec : bilan d’un demi-siècle d’institutionnalisation avec Anne Revillard
Le féminisme d’État en France et au Québec : bilan d’un demi-siècle d’institutionnalisation avec Anne Revillard
Le 4 mars 2025, Enflammé.e.s a rencontré Anne Revillard, professeure de sociologie à Sciences Po, chercheuse spécialiste des politiques publiques d’égalité et directrice du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP). Elle est également membre du Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS) et s’est distinguée par ses travaux sur l’articulation entre droit, action publique et transformations des inégalités de genre et de handicap.
En 2016, elle a publié La cause des femmes dans l’État. Une comparaison France-Québec aux Presses universitaires de Grenoble, un ouvrage qui fait aujourd’hui référence sur la manière dont les institutions publiques ont intégré – ou non – les revendications féministes des années 1960 aux années 2010. À travers une approche comparative, elle y analyse la construction du féminisme d’État en France et au Québec, ainsi que la capacité de ces institutions à défendre les droits des femmes face aux résistances politiques et administratives.
Si elle a cessé de travailler sur ces questions depuis une dizaine d’années, son regard historique permet de revenir sur des décennies de luttes pour l’égalité. Comment ces institutions ont-elles émergé sous l’impulsion des mouvements féministes ? Quels leviers ont-elles pu mobiliser pour influer sur les politiques publiques ? Face aux alternances politiques et aux résistances institutionnelles, ont-elles réussi à imposer la cause des femmes au sein de l’État ?
Dans cet entretien, elle revient sur son travail, les dynamiques qui ont structuré le féminisme d’État, et les leçons que l’on peut tirer aujourd’hui de cette institutionnalisation des luttes féministes. Une plongée passionnante dans les coulisses des politiques publiques féministes.