Penser le féminicide comme un fait politique avec Margot Giacinti
Chercheuse en science politique, militante au Planning Familial du Rhône et lauréate du prix de thèse 2024 de l’Institut du Genre, Margot Giacinti est l'une des premières en France à avoir consacré une recherche doctorale à l'histoire des féminicides, soutenue à l'ENS de Lyon en 2023. Aujourd'hui post-doctorante à l’Université de Lille, elle travaille sur les politiques publiques de lutte contre les violences de genre. Son livre Le commun des mortelles. Faire face au féminicide (Éditions Divergences, 2025) s’attache à restituer deux siècles d’une violence structurelle et genrée, trop longtemps dissimulée sous les euphémismes du droit et les silences de l’histoire.
Pour Enflammé.e.s le 13 juin 2025, l’autrice revient sur les racines profondes de ce phénomène social : du traitement judiciaire différencié des féminicides conjugaux dès le 19e siècle, à l’effacement des pionnières féministes comme Hubertine Auclert ou Frances Power Cobbe, jusqu’aux impensés contemporains de la notion — notamment la difficulté à inclure les femmes trans, les travailleuses du sexe ou les féminicides non conjugaux dans les comptages militants et institutionnels.
Alors que le documentaire Netflix De rockstar à tueur : Le cas Cantat sorti le 27 mars 2025 a suscité une réflexion collective sur l'impunité des violences masculines médiatiques, et que le collectif Nous Toutes comptabilise déjà 73 féminicides en France au 15 juin 2025, soit en moyenne un meurtre de femme tous les deux jours, Margot Giacinti alerte sur les limites de la réponse judiciaire, les angles morts des politiques publiques, et l’appropriation inquiétante du terme « féminicide » par des discours réactionnaires. Elle plaide pour une lecture féministe, historique et intersectionnelle de ces meurtres, et rappelle que les victimes ne sont pas toujours passives, mais aussi actrices de résistances, souvent invisibles, qu’il est urgent de documenter et de reconnaître.
“Pour ma part, je suis inquiète de la reprise de concepts historiquement féministes, comme celui de féminicide, qui est, depuis sa forte publicisation, utilisé à des fins notamment racistes et antiféministes.” — Margot Giacinti
Le féminicide n’est pas un concept moderne, mais plutôt une « non-idée » politique longtemps marginalisée ou invisibilisée. Pourriez-vous développer ? Comment cette notion de « non-idée » éclaire-t-elle notre compréhension contemporaine des féminicides ?
L’histoire sociale des idées politiques, le champ qui prend pour objet les idées et s’essaie à comprendre comment ces dernières naissent, se diffusent et circulent, s’est construite en prenant pour objet d’étude les idées qui ont généralement réussi à émerger. Ces idées semblent avoir atteint le seuil d’audibilité : elles sont soit devenues majoritaires soit suffisamment partagées pour qu’elles vivent, circulent et soient appropriées.
Cette manière d’appréhender les idées a cependant le défaut d’omettre qu’il a pu exister des idées qui n’ont pas (suffisamment) triomphé et de fait n’ont pas conduit à propager les lectures qu’elles auraient pu transmettre. C’est le cas de nombreuses idées subalternes, ouvrières par exemple, mais aussi féministes. Parmi elles, l’idée de féminicide, qui m’a intéressée dans le cadre des travaux de recherche, existait déjà, dans le discours des féministes aux 19e et au 20e siècles, sous des formes variées. Ce féminicide, sous la plume des féministes recouvre diverses significations. Il était déjà le meurtre conjugal, les féministes dénonçant déjà, par exemple, le traitement judiciaire réservé aux époux ayant tué leur épouse, tantôt acquittés, tantôt peu condamnés.
Plus originale, sans doute, est l’analyse féministe qui faisaient du féminicide l’issue fatale et inévitable que pouvaient prendre la vie de femmes dans la société patriarcale. Plusieurs siècles durant, les féministes ont dénoncé le système du mariage, qui permettait aux époux de s’approprier et de gérer les biens de leurs épouses, et appauvrissait donc les femmes. Cet appauvrissement pouvait conduire les femmes à la misère et consécutivement à la mort. Ce phénomène était alors dénoncé et appréhendé comme un « féminicide » ou un « femmicide », et l’on voit bien que l’idée qui sous-tendait cette dénonciation relevait bien de la définition actuelle du féminicide « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme », autrement dit le meurtre facilité par la condition sociale des femmes dans nos sociétés patriarcales.
De fait, cette idée développée par les féministes du 19e et du 20e siècles n’est non seulement pas devenue majoritaire à leur époque mais n’a pas non plus été transmise entre femmes et féministes, si bien que dire que le féminicide a bien été pensé par les féministes avant les années 1970 et notre époque devient une découverte. C’est la raison pour laquelle j’ai employé le terme de « non-idée » pour montrer que si cette idée existait bien, elle était d’une part, trop subalterne pour triompher et d’autre part, masqué par la prégnance d’autres lectures, elles, majoritaires.
Dans votre enquête historique, vous montrez que le passage d’une vision passionnelle ou conjugale des meurtres de femmes à une lecture féministe a été particulièrement tardif en France. Quels obstacles ont empêché cette politisation plus précoce ?
Il faut tout d’abord rappeler que les textes qui organisent nos sociétés sont politiques. Ainsi, le Code pénal de 1791, le Code civil de 1801, le Code pénal de 1810 sont des textes qui ont porté des visions politiques. Les Codes napoléoniens (Code civil de 1801, Code pénal de 1810) ont ainsi durablement marqué nos sociétés, en déterminant les droits, les devoirs, les règles, les peines et les interdits. Dans les discussions accompagnant la rédaction de ces textes, le meurtre de femmes n’était pensé que comme meurtre de l’épouse. Par ailleurs le propos des rédacteurs des codes prouve que ces meurtres n’étaient pas pensés comme asymétriques, c’est-à-dire que l’on n’estimait pas que les épouses étaient bien plus souvent tuées par leur époux qu’inversement. Cette manière de lire le crime (usage de la catégorie « meurtres entre époux »), qui est majoritaire au 19e siècle, semble donc entraver d’une part, la possibilité de lire ces violences comme asymétriques — les épouses sont plus tuées par leur époux qu’inversement — et d’autre part, la capacité à penser les violences commises sur les femmes en dehors du couple marié.
De même, l’arrivée d’une nouvelle manière de penser le crime à la fin du 19e siècle, cette fois-ci passionnelle, empêche-t-elle aussi au féminicide d’émerger comme catégorie nommant un fait social structurel, mais d’une façon différente. Si le meurtre entre époux avait été en parti politisé par les défenseurs du divorce, qui désiraient le rétablir lorsque le divorce était interdit pour lutter contre ces mariages dans lesquels on se tue, la catégorie du crime passionnel dépolitise et individualise. On ne se demande plus pourquoi les époux / les épouses tuent, mais pourquoi cet homme-là tue cette femme-ci. De plus, on fait désormais de l’amour et de la jalousie le mobile de ces crimes. Montrer que le féminicide existe, qu’il est banal et structurel, qu’il existe dans le cadre du couple ou en dehors, a donc été un enjeu de longue durée pour les féministes.
Les pionnières oubliées et la généalogie féministe
Vos recherches remettent en lumière le travail de pionnières comme Hubertine Auclert. Pourquoi leur pensée critique sur les violences masculines et le meurtre des femmes a-t-elle été si peu transmise ou valorisée jusqu’à aujourd’hui ?
En effet, cet essai montre qu’il y a un véritable enjeu à transmettre les idées subalternes et à les faire vivre, car les lectures dominantes, au 19e siècle, comme aujourd’hui, ont, de par leur caractère majoritaire pour effet qu’elles font oublier que d’autres lectures ont bien existé. Ainsi si les idées subalternes ne sont pas transmises — par le fait de conserver des archives, par la republication de textes — elles peuvent finir par être oubliées et il faut ensuite beaucoup d’énergie – et de chance ! — pour les retrouver. Il faut aussi avoir de la réflexivité sur les sources que l’on peut exhumer.
Hubertine Auclert était une féministe issue de la classe bourgeoise ayant eu accès non seulement à l’écriture mais à la presse puisqu’elle était journaliste. Par sa détermination et son audace, elle a pu être identifiée comme une féministe de la première vague et elle a aussi pu laisser des traces, notamment dans les journaux. C’est en lisant sa rubrique intitulée Féminisme que j’ai alors pu retrouver un propos sur les violences faites aux femmes, sur les féminicides et même le mot lui-même ! J’ai ensuite fait de même pour d’autres féministes, comme Maria Martin et Eugénie Potonié-Pierre.
Mais le point commun de ces femmes est leur statut social : il leur a non seulement permis de laisser des traces mais que ces traces soient conservées et qu’une chercheuse comme moi puisse les relire un siècle et demi après qu’elles aient été écrites. Le corolaire de ce constat est l’importance d’avoir une politique volontaire en matière d’archives car des documents que nous trouvons aujourd’hui peu intéressants (par exemple, des journaux intimes) le seront peut-être pour une chercheuse dans un siècle. Cela me semble important d’autant plus pour essayer d’avoir des sources qui ne soient pas seulement celles des milieux aisés. Car d’autres femmes, d’autres milieux sociaux, avec d’autres histoires ont peut-être écrit également sur le féminicide, mais leurs traces n’ont peut-être pas été conservées et archivées.
“Le défi qui est le nôtre est donc de ne pas laisser ces idées tomber en désuétude mais bien de continuer de les transmettre, y compris dans des contextes politiques antiféministes, mais aussi de continuer le travail généalogique pour faire vivre l’histoire des idées subalternes.” — Margot Giacinti
D’autres pionnières comme Frances Power Cobbe avaient déjà identifié un continuum entre violences conjugales, torture et meurtres dès le 19e siècle. En quoi leurs analyses restent-elles d’actualité pour penser les politiques publiques d’aujourd’hui ?
En retrouvant les propos des féministes de la première vague, comme Frances Power Cobbe, on se rend compte qu’elles avaient déjà entamé un processus de théorisation et d’identification des violences de genre et de leur mécanique. Elles ont ainsi explicité les manifestations diverses qu’elles pouvaient prendre mais également l’intérêt de les penser dans un continuum. Notre compréhension contemporaine du féminicide s’en retrouve bousculée : la connaissance de ces théorisations bien en amont du travail de la sociologue Diana E. H. Russell qui donna la définition formalisée au féminicide montre d’abord, que l’ancrage féministe conduit bien souvent à la production d’analyses convergentes : au 19e comme au 20e, comme au 21e siècle, les féministes en ont conclu à la dimension genrée du meurtre de femmes et ont théorisé le féminicide.
Les politiques publiques, de manière générale, pourraient donc attester de la validité des analyses féministes, notamment celles qui s’établissent et sont discutées depuis plusieurs siècles. Je pense par exemple à cette question d’une meilleure prise en compte de la menace de mort.
« Les menaces de mort viennent rappeler à la victime qu’elle est tuable et visent à limiter sa capacité d’action. Dans les cas de féminicides, ces menaces sont souvent accompagnées d’un script : le futur assassin a déjà imaginé les modalités de mise à mort qu’il va utiliser. Mieux saisir en amont ces scripts semble essentiel pour mieux prévenir les féminicides. Il faut donc non seulement interroger les victimes pour quantifier ces menaces, faire parler les auteurs sur ces scripts, mais aussi se mettre en alerte en tant que proche de potentielle victime ou auteur pour ne pas manquer d’indice de futur féminicide. »
Les féminicides : un problème structurel au-delà des cas individuels
Le féminicide a longtemps été réduit à des faits divers ou des tragédies personnelles. Le traitement médiatique et politique actuel permet-il enfin de rompre avec cette lecture individualisante ? Ou observe-t-on des résistances ?
Le traitement médiatique et politique actuel a beaucoup progressé par rapport à l’avant 2019. Il a fallu beaucoup d’énergies féministes tant du côté des militantes, je pense ici au collectif Féminicides par Compagnons ou Ex ou encore Nous Toutes et depuis 2023 l’Inter Orga Féminicides, que du côté des rédactions. On sait désormais l’importance qu’a été l’engagement des journalistes féministes pour les évolutions dans le traitement des féminicides. Un des défis actuels me semble-t-il est de ne pas réduire les victimes de féminicides aux seuls féminicides conjugaux.
En France, les féminicides conjugaux sont sans doute la manifestation la plus prégnante des féminicides. Mais ce n’est pas parce que cette forme est numériquement la plus importante qu’il faut évincer des comptages et du traitement médiatique d’autres meurtres de femmes tuées parce qu’elles étaient des femmes. Je pense notamment au meurtre de Lorène[1], qui du fait de son âge et du portrait fait de l’assassin, n’a pas été qualifié par la presse de féminicide ; la question n’a par ailleurs pas été évoquée. Pourtant, les motivations de l’assassin et le ciblage particulier de cette lycéenne nous permettent de faire l’hypothèse qu’il s’agit bien d’un féminicide. On pourrait également se poser la question à l’endroit du meurtre très récent de Mélanie[2], assistante d’éducation dans un collège. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’élève qui a commis le crime voulait tuer une surveillante « n’importe laquelle ». On a pu lire également que cet élève « ne supportait plus le comportement des surveillantes » qui étaient, précisons-le toutes des femmes. Ne pourrait-on pas voir dans ce geste une profonde motivation misogyne, le refus d’un élève de se soumettre à l’autorité d’une femme ? À ce stade, il ne s’agit que d’hypothèses, mais Mélanie, comme Lorène, semblent bien avoir été tuée parce que femme, parce que perçue comme facilement tuable et pour le cas de Mélanie, sanctionnable.
Le concept d’agentivité des victimes est particulièrement intéressant. Pourquoi est-il essentiel de le réintégrer dans l’analyse des féminicides aujourd’hui ?
Les victimes des féminicides sont, du fait de leur statut de victime, souvent dépeintes comme passives car sous domination d’un ou de plusieurs hommes voire sous contrôle coercitif important. Or, dans les archives, difficile de passer à côté des résistances des victimes qui peuvent prendre des formes et des intensités différentes. On peut lire des résistances marquées, comme des plaintes, des dénonciations, et même des résistances verbale et physique. Il existe aussi des résistances plus infrapolitiques, « sous le radar », qui se caractérisent par des petites actions qui ont pour objectif de ne pas contester explicitement l’autorité du dominant, de ne pas le défier. C’est par exemple le cas de confessions à des proches sur les violences subies, des rires, de l’humour. Ces résistances, très explicites ou infrapolitiques, sont parties prenantes de la mécanique féminicidaire. En effet, si ces résistances sont perçues comme des transgressions à l’ordre du genre et des tentatives d’émancipation, la victime peut se retrouver en situation de danger immédiat de féminicide.
“Comme en ce qui concerne les menaces de mort, saisir que le moment où une victime se met en action est un moment de danger important peut permettre de mieux l’accompagner vers la sortie d’une situation de violences pré-féminicidaires.” — Margot Giacinti
À la lumière de votre travail, quels leviers institutionnels ou politiques manquent encore cruellement en France pour que le féminicide soit pleinement reconnu et combattu comme phénomène systémique ?
Depuis le Grenelle des violences conjugales lancé en septembre 2019 par le Gouvernement, un certain nombre d’évolutions en matière d’accueil et de prises en charge des victimes a été constaté. Il me semble important cependant d’attirer l’attention sur le fait que la création de nouveaux dispositifs ne doit pas conduire à supprimer le soutien à d’autres.
À titre d’exemple, le soutien aux associations de lutte contre les violences me semble aujourd’hui un levier déterminant pour lutter contre le féminicide et les violences de genre plus largement, qui sont généralement présentes dans l’avant-féminicide. La situation financière des associations en France s’est largement dégradée ces dernières années, comme le montre d’ailleurs le rapport de mai 2024 du Conseil économique social et environnemental (CESE). Pourtant, ce modèle associatif subventionné est l’héritage des luttes féministes, pour lequel la deuxième vague féministe s’est en partie battue.
Plus que d’inscrire le féminicide dans la loi, c’est le soutien aux organismes qui accueillent les victimes qui me semble décisif dans notre capacité à endiguer les problématiques de violences de genre, d’autant que la politisation des violences a sans doute permis à de nombreuses victimes de prendre conscience de leur condition. Il faut donc permettre aux associations d’être financées de manière pérenne, et non plus par le moyen désormais si fréquent d’appel à projet, pour endiguer le flux des victimes et pouvoir assurer leur mise à l’abri, notamment en cas de départ du domicile conjugal.
Comment évaluez-vous l’évolution récente des politiques publiques et des mobilisations féministes face à la montée des antiféminismes et des récits concurrents (par exemple : « drames familiaux », « aléas de la vie privée », etc.) ?
Le renouvellement profond des mouvements féministes dans les dernières années a permis de porter une nouvelle fois — car d’autres féministes l’avaient déjà fait en leur temps — la question des violences sur le devant de la scène. Elles ont repolitisé l’intime, pour ce qui concerne les violences majoritaires, celles commises dans la sphère familiale et conjugale, tout en dénonçant celles se déroulant en dehors (violences au travail, violences faites par des inconnus). La force de cette vague a vu se voir constituer contre elle, comme au 19e et au 20e siècles, des antiféminismes et des masculinismes organisés et prégnants qui n’avaient pas cessé d’exister entre temps, mais qui prennent l’occasion de la vague nouvelle pour s’arroger une forme de droit de réponse. On retrouve ainsi des récits concurrents, qui peuvent aller de la franche attaque et au harcèlement à la minimisation complète des faits, comme en témoigne l’expression « aléas de la vie privée ». Cette euphémisation est bien connue de celles et ceux qui travaillent sur les violences de genre, et en particulièrement les chercheurs et chercheuses ayant conduit des travaux sur les auteurs.
Pour ma part, je suis inquiète de la reprise de concepts historiquement féministes, comme celui de féminicide, qui est, depuis sa forte publicisation, utilisé à des fins notamment racistes et antiféministes. Ce dernier a pu notamment être utilisé pour dénoncer l’avortement (« l’avortement est la première cause de féminicide au monde », Italie, 2018) ou encore pour suggérer que les auteurs de féminicides ne sont que des hommes migrants, en reprenant des modalités d’action féministes, comme les collages. Il est impératif de lutter pour une définition féministe du féminicide, sans quoi les idées peuvent être détournées de ce qu’elles dénonçaient.
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[1] Lorène, lycéenne de Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes (Loire-Atlantique) , décédée le 24 avril 2025, après une attaque au couteau d’un camarade dans son lycée.
[2] Mélanie, une surveillante du collège de Nogent (Haute-Marne), décédée le 10 juin 2025, après avoir été poignardée par un élève aux abords du collège.